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Mes Opinions
20 avril 2007

La Mouette

Je suis toute énervée. J’ai le sourire fendu jusqu’aux oreilles. Comme à chaque fois que j’entre dans un théâtre, mes yeux s’agrandisse et je suis prise d’une crise d’émerveillement profond. C’est formidable! Mais cette fois-ci, c’est spécial : c’est la première fois que je vais voir du Tchékhov. C’est un nom imposant quand même.

Les lumières s’éteignent.

Quand elles se rallument, mon expression a changé. Je ne souris plus. Je suis bouleversée. J’applaudie. Je me lève. Je continue d’applaudir. Je continue d’être bouleversée.

Je viens d’assister à quelque chose de très fort. Je viens de voir quelqu’un se suicider. J’étais là. Il était là. Je n’ai rien fait. Et il est mort.

La mouette, c’est onze solitudes. Onze âmes désespérées. Ils ont tous leur propre quête. C’est étrange, ils sont un gros groupe sur scène et pourtant ils ont l’air seul.

Nina, amoureuse de Trigorine, auteur réputé, cherche la gloire et la reconnaissance en voulant être comédienne. Tréplev, amoureux de Nina et auteur cherchant à révolutionner l’écriture dramatique. Sa mère, Arkadina, actrice de renommée, femme de Trigorine, elle ne prend pas du tout son fils au sérieux. Macha, amoureuse de Tréplev, est aimé par l’instituteur Medviédenko. Sans oublier, Paulina, ancienne maîtresse du médecin Dorn. Elle l’aime encore mais lui préfère plutôt Arkadina. Et il y a Sorine, le frère d’Arkadina qui lui, aime la ville. Il est vieux. Trop probablement pour être pris dans ces amours entremêlés. Dans ces amours déçus.

Tous ces oiseaux maganés par l’amour essaient tant bien que mal de parcourir un petit bout de chemin de leur destin. Nina essaye tant bien que mal de s’envoler. Sans succès. Et c’est sans le vouloir qu’elle entraîne Tréplev dans sa chute qui lui sera mortelle.

Voilà. J’ai vu du Tchékhov. Malgré l’apparence lourde de la pièce, ce géni du théâtre réussi tout au long à nous faire rire. Il possède à merveille l’art de mettre de l’humour dans les pires situations en créant un crescendo d’émotions. La mise en scène d’Yves Desgagnés a aussi largement contribué à nous transmettre  les sentiments des personnages. Avec un décors charmant très bien assorti avec les jeux de lumières et agencé avec les déplacements. Il est tout de même fascinant de constater que la Mouette était d’actualité en 1917, qu’elle l’est encore en 2007 et qu’elle le sera probablement en 2097. Comme quoi, certaine chose de la vie reste et demeure. On ne peut y échapper. Malheureusement. Ou heureusement pour nous, spectateurs. Égoïste que nous sommes. Aimer regarder les gens être malheureux. Quelle méchanceté.

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